Chronique n°24 (inédite)
Le "Commerce""
Comme mentionné dans mon livre, l'activité industrielle de la deuxième moitié du XIX° siècle avait fait florir dans notre village les débits de boissons, il fallait bien occuper les nombreux ouvriers après leurs longues journées de travail...
En 1882 douze aubergistes-débitants abreuvaient Grandvillers =
Augustin Boulay, Charles Chipot, François Colin, Jean-Baptiste Chanal, Jean-Joseph Curin, Constant Daraux (également épicier), Victor Didier (Au Cheval Blanc), Veuve Jean-Baptiste Lapoirie, François Naigle (également buraliste), Ferdinand Petitdemange, Julien Spilmann et Valentin Viry [1]
En 1905 il restait 10 aubergistes à Grandvillers :
Les veuves Neigle et Gerôme, Mrs J.Spilmann, JB Chanal, F.Petitdemange, C.Petitdemange, V.Janel, Villet, C.Conraux et F.Joly [2]
A mon arrivée au village en 1983, il y avait encore trois établissements qui servaient des boissons: le Café du Pont (tenu par les Sertelet), Le Café de la Poste (Chanal) et l'Hôtel Restaurant du Commerce (G.Balland) [3]
Récemment, la nouvelle propriétaire m'avait demandé des documents et des photos de cet établissement et cela m'a donné l'idée d'en écrire une chronique dans la mesure où ce petit café au départ est devenu tout au long du XX° siècle un établissement important de villégiature et de restauration dans le canton et que son évolution me paraissait intéressante.
L'histoire commence donc à l'aube du XX° siècle, peut-être même fin du XIX° (je n'ai pas la date exacte) Félicien et Catherine JOLY tenaient là une épicerie avec vente de boissons à l'intersection des
routes de Bruyères, Epinal et
Rambervillers, ils étaient assez
riches et posssédaient
plusieurs maisons dans le
voisinage. Leur fille Fernande
Joly et son époux Henri
Schmidlin, un marchand de
bestiaux, reprennent ensuite
le commerce et acquièrent en
1920 une licence de débit de
boisson , ils ont tenu le
café-restaurant pendant un
quart de siècle. C'est la guerre
et surtout la libération de 1944
qui va mettre fin à leur établissement, les obus et mortiers de 1944 vont détruire en partie le bâtiment (il ne reste que les quatres murs !). Philippe Joly, le frère de Fernande avait hérité de cette maison au décès de son père , il décide de
vendre les ruines à Georges Balland en 1950. Les Schmidlin sont partis vivre dans la maison d'en face (Gite des Carulla).
Georges Balland, marié en 1946 à Claudine, tenait un commerce de taxi et vendait également des cycles et motos à proximité (hangar vers la Creuse, maison Morel). Les subventions des "dommages de guerre" vont apporter une aide financière précieuse à la reconstruction du bâtiment réalisée en six mois et en septembre 1950, le restaurant rouvre ses portes au public.
Au début il n'y avait que deux chambres d'hotellerie. En 1964 d'importants travaux (rehaussement du toit, refection de l'immeuble, création d'un étage)
permettent d'agrandir le restaurant et de créer sept chambres dans les greniers, le nouveau restaurant s'appelle désormais "Hôtel-Restaurant du Commerce". Après 35 ans d'activité, les Balland prennent leur retraite à Bruyères et vendent le restaurant en 1985.
Denis Bastien, arrive de la plaine, après avoir été formé à Dompaire, mais aussi à Nancy (Capucin Gourmand), à Paris (Grand Café) et même aux Iles Canaries... et il est plein d'ambitions. Il exploite avec son épouse "Cassou" dès 1985 l'hôtel qui prend rapidement un essor important et devient vite le rendez-vous de nombreux gastronomes. Huit ans après, en 1993, est créé l'hôtel de l'Europe en face, qui rajoute treize chambres aux noms de
pays européens, une salle de séminaire,
un jardin, un terrain de tennis au complexe
touristique.
La réputation, les multiples talents du
chef, la rigueur de la patronne vont
permettre un développement majeur de
l'hôtel.
Denis a effectivement plusieurs passions,
la "magie" qui lui fera animer certaines
soirées avec des tours fabuleux et
surtout les jeux radiophoniques et
télévisés qui vont le mener en 2011 à la célébrité nationale avec sa participation à
l'émission de téléréalité Pékin Express de M6, la route des grands fauves où il sera tellement plébiscité que la chaîne lui demandera une deuxième participation en 2013.
La fréquentation de l'hôtel restaurant est alors à son apogée quand Denis Bastien décide d'arrêter en 2009 pour changer de travail et partir à Vittel.
Thierry et Véronique Pugnière reprennent alors le flambeau pendant cinq ans mais malgré un bonne activité, ils connaissent des difficultés financières qui aboutissent à la fermeture du "Commerce" en juillet 2014.
Fin de cette même année, Laetitia Divoux décide de reprendre la maison, elle réalise des travaux de "relookage" importants et l'établissement s'appellera désormais "l'Ecrin".
A l'aube de sa nouvelle carrière, souhaitons lui "Bonne Chance" et autant de réussite que le populaire Denis !
Jacques Strubhardt 07-12-2014
Remerciements à Georges et Claudine Balland à Solange Carulla-Schmidlin et Gilbert Schmidlin.qui m'ont apporté leurs témoignages..
[1] Ch Ferry, le dictionnaire des 50 000 adresses 1882
[2] J.François, annuaire 1904
[3] Nous avons eu la chance avec mon épouse d'y passer notre première nuit à Grandvillers en août 1983