7. UNE FAMILLE d'INVENTEURS.
(paru dans BM n°9 de janvier 2000)
Tout prêt de la porte sud de l'église (à côté de la cure), se trouve la tombe de l'abbé Charles TIHAY, décédé le 17 décembre 1885 et qui fut, à tout point de vue, un homme remarquable et un inventeur étonnant.
Il était né 65 ans plus tôt (1820) à Nossoncourt, et fut, après être entré dans les ordres, successivement professeur au collège ecclésiastique de
Lamarche, vicaire d'Harsault, curé de La Vacheresse
(1856-1871) puis curé de Cugney-aux-Aulx, lieu
où il mourut. Il est enterré à Grandvillers car sa famille,
principalement ses sœurs, y demeuraient et il est
très probable qu'il soit venu fréquemment dans
notre village.
Il était connu pour être un homme doux, bienveillant,
charitable et méditatif mais surtout ingénieux…
Sa principale invention a été le système de "chiques
mobiles" qui devint plus tard le "roulement à billes".
L'histoire dit qu'il glissa un jour dans sa grange sur des
petits pois et qu'il tomba brutalement. Un peu plus tard
il s'amusa à faire glisser son livre de messe sur des billes
d'enfant et c'est ainsi que lui vint l'idée d'utiliser des
sphères pour assurer une excellente mobilité entre
deux pièces mécaniques.
Il appliqua ce principe aux sonneries des cloches et elle fut expérimentée dans les églises de Raon-aux-bois et Prey-sous-la-Fauche. Il déposa un brevet pour son invention mais très vite il céda ses droits à un industriel car il était loin de soupçonner la valeur de sa découverte.
Plus tard son "système" fut développé par d'autres ingénieurs français et étrangers qui le firent prospérer, si bien qu'on en oublia même l'inventeur… L'abbé Charles
TIHAY aurait également été à l'origine de la découverte du violon monocorde dont un premier brevet aurait été déposé vers 1865 mais c'est surtout son neveu (le fils de sa sœur) Joseph POUSSOT qui mit cet engin au point quelques années plus tard.
J. POUSSOT est né à GRANDVILLERS le 6 décembre 1861 et fut vite remarqué pour son esprit vif et curieux, en particulier
par son oncle. Il étudia la musique à CHARMES chez monsieur MARTIN mais trouva cela compliqué et un peu rébarbatif. De là il lui vint l'idée de fabriquer un instrument de musique que nous appellerions aujourd'hui "grand public" c'est à dire accessible à tous et populaire. Il reprit les travaux de l'abbé TIHAY , construisit un violon avec un clavier destiné à pincer la corde unique et qui remplaçait avantageusement les doigts malhabiles des violonistes débutants. L'instrument était fixé horizontalement sur deux pieds, ce qui en assurait une bonne stabilité.
Le musicien, assis, jouait donc du clavier avec sa main gauche et actionnait un archet avec sa main droite, le tout donnait un très joli son. Un autre curé, à Pierre - La-Treiche à côté de Toul et qui était désireux d'implanter une industrie locale proposa un vaste atelier à J. POUSSOT et il vint donc s'y établir en 1884. Un nouveau brevet fut déposé le 8 mars 1886. Plus de mille monocordes ont été fabriqués, de différents modèles. Malheureusement Joseph POUSSOT se noie à 29 ans dans la Moselle le 2 juillet 1891 alors qu'il était promis à un brillant avenir… Bien qu'il ne soit pas enterré dans son village d'origine, il reste une tombe POUSSOT-TIHAY (ses parents) à l'entrée du cimetière à gauche, qu'elle nous permette de nous souvenir de ces deux géniaux créateurs du XIX° siècle !
SOURCES:
- Revue ETUDES TOULOISES n°66 Bernard. RAVENEL (Pierre-la-Treiche et le monocorde de Joseph POUSSOT)
- CHRONIQUES PAROISSIALES de l'ABBE J-M FLEURANCE n°24 et n°195 (d'après articles de presse)
Un grand merci aussi à notre regretté et dernier curé local (JM Fleurance) qui fut historien avant moi et dont les notes me sont toujours très utiles...
20-10-1999