Chroniques du temps passé n° 26 : (paru dans BM n°27 de janvier 2017)
Les métiers d'autrefois
(au XVIII° siècle)
Les matrones
Les recherches généalogiques de Hervé
Morvan, fin limier des archives, ont permis
de remettre à jour l’existence de plusieurs
matrones, habitant notre village au
XVIII° siècle. Ces femmes, elles mêmes
mère de famille, étaient élues par un
collège de dames, chapeauté par le curé
du village et cette élection avait lieu à
l’église. Leur formation était rudimentaire,
souvent assuré par une femme plus âgée,
elle-même aguerrie aux accouchements.
Voici quelques matrones de Grandvillers :
- Quirine Lhoste élue matrone
le 14-08-1701 (elle est décédée
en 1706 à 47 ans)
- Marguerite Claudel élue sage-femme
le 29 septembre 1706
- Anne Xeulley, élue le 27 juin 1717
- Marguerite Durand élue le 18 mars 1725
- Marguerite Arnould de Mortagne est citée matrone le 14 juin 1735
- Anne Bally nommée le 31 janvier 1753
- Anne-Marie de Bais élue le 4 octobre 1761 (sous Bedel)
- En 1767 Marie-Anne Villaumé est matrone et également citée dans un acte de décès d’un enfant mort-né en 1787
Les régents d'école
Ancêtres de nos maîtres, ils en avaient les fonctions mais pas du tout les mêmes statuts et étaient sous la tutelle du curé de la paroisse (qui avait pratiqué souvent seul l'enseignement jusqu'au XVII° siècle). Ils avaient par ailleurs des fonctions de sacristains: entretien du linge de l'église, sonneurs de cloches, aide du curé dans les sacrements et messes , réglage de l'horloge....
Salarié relativement pauvre de la commune, il touchaient quelques primes en fonction des cérémonies, il était laïc et choisi par une communauté d'habitants à l'issu d'un office religieux et était agréé par l'évêque.
C'est évidemment le curé qui faisait leur maigre formation et qui était leur chef direct. Il faudra attendre le XIX° siècle pour que naisse et s’organise l’institution d’état et qu' apparaissent les vrais maîtres d'école...
-MICHEL anthoine est régent d'école en 1702
-MALJEAN sébastien en 1706
-MANGIN joseph en poste en 1709 jusqu'en 1715
-LECOMTE jean est régent en 1716 et GEORGE jean-françois en 1720
Plus tard les registres paroissiaux vont mentionner des "maîtres d'école" mais ils sont toujours aussi pauvres que les régents: par exemple JACQUOT jean (1722), POCHON jean baptiste (1733), MOUGEL claude (1752), HENRY nicolas (1762)
On remarque que leur poste est souvent précaire (deux-trois ans), ils exercent souvent avant et après d'autres métiers, ainsi un nommé POIROT jean est enseignant en 1734, on le retrouve marguillier en 1736
Le plus ancien retrouvé à ce poste est Claude Symon en 1666, présent à la fois dans un acte de baptême (parrain de Marie Demenge) et dans un acte de mariage (Epoux Barrat) la même année.
On s'aperçoit ainsi, s'il en était nécessaire, du rôle prépondérant du curé dans nos village, à la fois agent d'autorité et de culture, il tient les rennes de la vie quotidienne non seulement au niveau religieux mais aussi dans la nomination de personnes comme les matrones ou les régents d'école et qu'il encadre ainsi, bien plus que le maire, la communauté villageoise toute entière.
Les manoeuvres et laboureurs.
Grandvillers comptaient énormément de laboureurs et de manoeuvres comme en attestent les registres de baptêmes. Les laboureurs étaient propriétaires (d'une parcelle plus ou moins grande de terre) et d'outillages agricoles. Les "manoeuvres ou manouvriers" était employés de ferme et n'avaient aucune terre. Leur vie était dure et réduite au strict nécessaire.
Un audit a été réalisé par H. Morvan à partir des registres des baptisés sur 4 années : en 1769
9 baptêmes (5 laboureurs et 4 manouvriers)
en 1770 25 baptêmes chez 17 manouvriers et 8 laboureurs
en 1771 8 baptisés
(5 laboureurs et 3 manouvriers)
en 1772 14 baptêmes chez 10 manouvriers et 4 laboureurs ..
Il est impossible et fastidieux de citer les identités de tous ces agriculteurs, souvent issus de mêmes fratries, mais ils représentent sans doute, vu leur nombre, la profession la plus représentée au sein du village.
Autres métiers souvent cités dans les registres paroissiaux :
On retrouve fréquemment aussi des tailleurs d'habits,
à cette époque point de magasins, on fabriquait et on réparait le plus possible tous les textiles ainsi romary CLAUDEL mort à 30 ans en 1729, george MICHEL en 1766, claude VIRY en 1767 ou encore joseph GUERICOLAS en 1778.
Je parlerai encore des greffiers qui étaient des personne lettrée et remplissait les fonctions de secrétaire comme jacques SAUVAGE en 1733, anthoine MICHEL décédé en 1771 ou encore jean nicolas MENGEL (beau-frère du curé Bedel) qui était à la fois greffier et laboureur en 1782.
Plein d'autre métiers sont encore cités... Peut-être de quoi faire une suite à cette chronique ?
Ainsi l'étude des registres paroissiaux nous renseigne-t-elle sur les activités et les sources de revenus des anciens Grandvillois ainsi que sur leur mode de vie. Aujourd'hui grâce à internet, ces pages en ligne sont directement consultables sur tout ordinateur ; quelle chance et quelle facilité pour les généalogistes et les historiens !
Jacques Strubhardt 18-01-2015
Sources: registres paroissiaux (1632-1792) - Archives départementales
écrit d'après les recherches de Hervé Morvan que je remercie pour son aide depuis plusieurs années....