Chronique n°22 (inédite)
Les soldats de l’Empire
Grandvillers, comme tous les villages, a participé aux événements de l’histoire de France. Dans mon livre*, j’ai pu insisté sur les morts valeureux des deux conflits du XX° siècle, les nombreux soldats morts aux champs de bataille des tranchées de 1914-1918, les malheureuses victimes civiles de la libération de 1944, j’ai également mentionné les catastrophes humaines de la guerre de trente ans, véritable génocide des campagnes lorraines (90% de la population Grandvilloise décimée).
Il est moins connu que de nombreux Grandvillois ont participé aux campagnes Napoléoniennes et ont arpenté l’Europe dans le sillage de la grande armée, laissant leur nom gravé sur toutes les grandes batailles de l’Empereur…
Hervé Morvan, grand spécialiste de la généalogie et fin connaisseur de tous les registres paroissiaux m’a dressé la liste de ces valeureux combattants d’un autre temps, tombé dans l’oubli et qu’il m’appartient ici de réhabiliter car ils ont été eux aussi des acteurs de la grande Histoire de notre pays.
Néanmoins la plupart de ces soldats sont aujourd’hui connus par l’octroi d’une décoration crée par Napoléon III en 1857, la médaille de Ste Hélène pour récompenser les survivants des guerres de la grande armée ayant participé aux campagnes de 1792 à 1815 (405 000 soldats encore vivants en 1857) et il est pratiquement impossible de comptabiliser les morts des champs de bataille qui échappent aux registres funéraires paroissiaux et ont été abandonnés sur des terres étrangères…
14 Grandvillois sont donc revenus vivants et ont reçu cette médaille commémorative :
Nicolas CHANAL, manoeuvre, né en 1793 soldat su 2° bataillon de la Garde Nationale des Vosges, Jean-Baptiste CONRAUX, manœuvre, né en 1793 soldat au 5 régiment des Hussards, François DIVOUX, manœuvre né en 1782, soldat au 2° bataillon de la Garde Nationale des Vosges, Joseph GEORGE, rentier né en 1787 sergent-major au 2° bataillon des Vosges, Jean-Baptiste JANEL, manœuvre né en 1792, également membre de la Garde Nationale des Vosges, Pierre LAGARDE, manœuvre né en 1793, brigadier ai 1° regiment de carabiniers, Nicolas LEMARQUIS, manœuvre né en 1792, caporal au 3° bataillon de Garde Nationale des Vosges, Nicolas L’HOTE, cultivateur né en 1793 soldat au 1° bataillon de la Garde Nationale des Vosges, Jean-Baptiste MICHEL, maçon né en 1787 du 2° bataillon, Jean-François ROMARY, manœuvre né en 1793, caporal au même regiment, Louis François SUMPET né en 1784, capitaine au 20° régiment d’infanterie légère, fait chevalier de la légion d’honneur en 1815, Joseph TIHAY manœuvre né en 1791, soldat dans la 5° compagnie d’ouvriers d’artillerie, Hubert VALENCE né en 1777, soldat au 57° regiment de ligne, a fait 9 campagnes et est pensionnaire de l’Etat,
Jean-Claude VALENTIN, cultivateur né en 1793 soldat au 2° regiment d’artillerie, a été prisonnier…
Il faut aussi rajouter Jean-Joseph DEMANGEON , un autre héros né en 1772, soldat de la première heure, fourrier (sous-officier) à la 61° brigade de ligne, puisqu’il participa à la bataille d’ABOUKIR (campagne d’Egypte) où il fut blessé à l’avant-bras G puis au siège du Caire. Il devient ensuite chasseur à pied de la Garde Imperiale et se fait remarquer par ses fait d’armes à MARENGO, récompensé d’un fusil d’honneur le 9 Vendemiaire de l’an XI, il se retira ensuite à Bruyères..
Mais combien de soldats sont donc morts au
combat ? Je n’ai à ce jour retrouvé aucun nom
de Grandvillers malgré les multiples sites internet
consacré à la Grande Armée. Il parait vraisemblable
qu’avec un quinzaine de survivants des campagnes
Napoléoniennes et vu les pertes considérables de
ses longs et lointains conflits (on site 900 000 morts),
notre village a sans doute eu des pertes humaines
énormes, ils sont les oubliés de notre histoire et leurs
noms resteront à jamais effacés. A cette époque,
point de monument commémoratif pour retracer leur
ultime périple et s'il y en avait eu un , il aurait
certainement, par sa taille et le nombre des inscrits,
pu éclipser le monument actuel ...
Jacques Strubhardt (03-03-12)
avec l’aide d’ Hervé Morvan