2. SOUS L’ANCIEN REGIME. (paru ds BM n°4 de décembre 96)
En remontant le cours du temps, on s'aperçoit vite combien a été considérable la cassure de 1789 dans toutes les structures administratives, juridiques et sociales de notre pays, mais aussi de nos petits villages de campagne. En outre, les documents d'avant 1789 sont très rares et difficiles à étudier, alors qu'après la Révolution, de multiples archives nous permettent de mieux comprendre les étapes récentes de notre histoire dans la nouvelle république.
Avant 1789, Grandvillers, qu'on surnommait aussi LAÎTRE (?) était un village rural sans histoire d'environ 700 habitants (795 en l'an XII = 1804). Il appartenait au bailliage de Bruyères et était composé de plusieurs hameaux dont certains noms subsistent encore aujourd'hui : Etang l'Abbé, Faing du Bois, Grand-Mont, Haie-d'Humbois, Haie-des-Oireaux, Saude-Haye, Petit-Mont, Chaseaux-du-Faing ainsi que quelques écarts : Void-l' Oiseau, Charbonnière, Pasfin et Pétinrupt. Grandvillers représentait un Ban (communauté de vassaux) qui dépendait du Chapitre de Remiremont (assemblée de religieux et de chanoines de l'église de Remiremont), c'est à dire que le village était en quelque sorte inféodé au clergé romarimontain et était en particulier sous l'autorité ou la domination de la "Sonrière" (première Dame Officière) de cette église. Cette chanoinesse nommait le mayeur (maire) commun au Bans de Grandvillers et de Dompierre et elle en recevait son serment. Celui-ci devait à la Sonrière six francs et trois gros par an pour étrennes ainsi que deux résaux d'avoine lorsqu'il sortait d'office… Elle percevait également trois tailles (impôt) par an des habitants du village, elle touchait la moitié des mobiliers des sujets défunts sans héritier direct et également la moitié des amendes payées par les
"mésusants" (délinquants).
La Sonrière de l'église de Remiremont proclamait seule la haute, moyenne et basse justice au Ban de Grandvillers.
Sur le plan spirituel, la paroisse de Grandvillers englobait les villages de Brouvelieures et Mortagne et était bien sûr patronnée par le Chapitre de Remiremont. Il existait dans les temps anciens un oratoire consacré à Saint Sébastien et Saint Roch en haut du Fouchon entre les deux bourgades. En cette année 1789, le curé était un certain Dominique MERCIER, qui se rendit célèbre en vendant tous ses biens pour fonder un bureau de bienfaisance et faire un don important à l'hôpital d'Epinal. Il mourut en 1811 à l'âge de 80 ans.
L'école de Grandvillers, dont les effectifs exacts n'apparaissent dans aucun texte, était dirigée par un maître nommé Nicolas HENRY, en poste depuis 1762.
Il semble au demeurant que le taux d'instruction des villageois fut relativement correct comme en témoignent les signatures manuscrites nombreuses dans les registres d'état-civil et actes religieux.
L'ordre public était
assuré par un brigadier et
plusieurs employés des
fermes du roi.
Ils pourchassaient les
"mésusants" et recouvraient
la "boisson" (amende allant
pour moitié aux habitants et
pour moitié à la Sonrière).
Le greffier de la communauté
grandvilloise était un certain
J-M. MENGEL qui devait
décéder le 24 septembre 1789,
la terrible révolution venait juste de commencer et le village qui, pendant des siècles, n'avait connu aucun changement, ressentait à présent les premiers soubresauts de la république…
Mais là, débute une autre histoire !
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Sources:
- Situation de la communauté de Grandvillers à la veille de la Révolution de 1789. JACQUEMIN, instituteur public, le 07/02/1889. Archives départementales
- Département des Vosges, dictionnaire des communes par L. LOUIS et P. CHEVREUX, tome 7 Ed. 1889